Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/55

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donc Robert ? Pourquoi reste-t-il si longtemps hors du château ?

— Avez-vous donc oublié la querelle de ce matin, mon père ? sans doute, à l’heure qu’il est, il punit le sire de Châtillon du sanglant outrage qu’il a reçu de lui.

— Ah ! cette querelle ! répondit le vieux comte, je l’avais oubliée. Plaise au ciel qu’elle se termine bien. Messire de Châtillon est un ennemi à ménager ; il est puissant à la cour de Philippe le Bel.

À cette époque, un chevalier n’avait rien de plus précieux que son honneur et sa bonne renommée. L’ombre d’un outrage suffisait pour lui faire risquer sa vie, et, de là, de fréquents duels dont on ne se préoccupait guère.

Guy se leva et dit :

— On vient de baisser le pont-levis. Nos amis sont sans doute arrivés ; donne-moi ton bras, mon fils, et rendons-nous dans la grande salle.

À ces mots, ils sortirent et laissèrent Mathilde seule.

Bientôt après, les sires de Maldeghem, de Rhoode, de Courtrai, d’Audenaerde, de Heyle, de Nevele, de Roubaix, Gauthier de Lovendeghem avec ses deux frères, et bien d’autres encore, vinrent au nombre de cinquante-deux[1], se ranger dans la salle d’hon-

  1. L’Excellente Chronique donne l’énumération complète des noms de ces chevaliers qui accompagnèrent Guy à Compiègne.