Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/579

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pleure plus sur mon sort ; je suis heureux maintenant que la patrie est vengée. Je serai bientôt de retour.

Il embrassa encore son frère Guy, Guillaume de Juliers et quelques autres chevaliers qui étaient ses amis ; il serra la main de tous et s’écria en s’éloignant :

— Adieu, vous tous, nobles fils de la Flandre ; adieu, mes fidèles frères d’armes !

Il revêtit son armure et monta à cheval dans la cour ; puis il abaissa la visière de son casque et franchit la porte de l’abbaye. Il y trouva une foule immense qui, dès qu’il apparut, s’entr’ouvrit pour lui livrer passage en le saluant d’unanimes et enthousiastes acclamations :

— Noël ! vive le chevalier doré ! vive notre sauveur !

Ces cris furent répétés cent fois avec le même élan. Le peuple agitait les mains en l’air en signe de joie, et ramassait, comme une relique, la terre qu’avait foulée le pas de son cheval. Dans leur crédulité, ces gens naïfs croyaient voir saint Georges qui, imploré pendant la bataille dans toutes les églises de Courtray, avait revêtu cette forme pour venir à leur secours. La marche lente et imposante du chevalier et son mystérieux silence confirmèrent cette croyance, et un grand nombre de spectateurs se jetèrent à genoux en priant sur son passage. La foule le suivit pendant quelque temps à travers la campagne et semblait ne pouvoir se rassasier de le voir ; car, plus