Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/584

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tray, et de là vient le nom de bataille des Éperons d’or. Quelques milliers de chevaux tombèrent aussi au pouvoir des Flamands, qui les mirent à profit avec grand succès dans les guerres suivantes. On a construit, en 1831, en dehors de la porte de Gand, à quelque distance de Courtray et au milieu du champ de bataille, une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de Groningue ; on lit sur l’autel les noms des chevaliers français morts dans la lutte, et l’un des éperons d’or est suspendu au centre de la voûte. Cet heureux jour fut célébré tous les ans à Courtray par une solennité publique et par des réjouissances populaires ; le souvenir de cette fête s’est perpétué jusqu’à nos jours par une kermesse spéciale, qu’on appelle : Jours de réunions. Chaque année encore, au mois de juillet, les pauvres vont demander de maison en maison les vieux vêtements pour les vendre, comme on a fait, en 1302, du riche butin de la bataille ; accompagnés d’un violon, ils se rendent au Pottelberg, ancien campement des Français, et s’y réjouissent en commun jusqu’à la fin du jour.

Lorsque la nouvelle de la défaite de l’armée parvint en France, elle causa un grand déplaisir à la cour ; Philippe le Bel entra en grande colère contre son épouse la reine Jeanne, dont la perversité était la cause première de ce désastre. Il lui fit d’amers reproches, ainsi que le rapporte un poëte contemporain, Louis van Velthem ; il s’exprime en ces