Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/589

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tenir la délivrance de son père et de son frère, avait envoyé en France des ambassadeurs avec mission de s’assurer si Philippe le Bel n’était pas disposé à conclure la paix. Il paraît qu’à la cour de France on ne pouvait tomber d’accord sur les conditions, car les envoyés ne revenaient point et l’on ne recevait que des réponses défavorables.

L’armée flamande commença à murmurer et voulait, malgré la défense du général, livrer bataille aux Français ; cela dura si longtemps et la volonté des troupes se manifesta enfin d’une façon si sérieuse, que Jean de Namur se vit forcé de franchir la Scarpe pour attaquer l’ennemi. On jeta d’une rive à l’autre un pont reposant sur cinq bateaux, et les Flamands, heureux de ce qu’on allait combattre, le traversèrent en chantant joyeusement ; mais il survint tout à coup de France une nouvelle douteuse et indécisive qui les arrêta encore pendant quelques jours. Enfin, les troupes ne voulurent plus, à aucun prix, rester en place et manifestèrent de sérieuses intentions de révolte. Tout fut préparé pour l’attaque et les Flamands marchèrent à l’ennemi ; les Français n’osant risquer la bataille, levèrent leur camp à la hâte et se retirèrent en désordre. Les Flamands tombèrent sur eux et en tuèrent un grand nombre ; chemin faisant, ils s’emparèrent du château de Harne, où le roi de Navarre avait établi le quartier général de l’armée. Les vivres, les tentes et tout ce l’ennemi avait apporté avec lui tombèrent entre les