Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/65

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— Eh bien ! reprit Robert, si un homme pour me défendre, avait risqué sa vie, ne l’aimerais-tu pas aussi ?

— Dites-moi quel est ce chevalier, mon père, et je l’aimerai et je lui vouerai une reconnaissance éternelle.

— Eh bien ! ma fille, un chevalier a pris la défense de ton père contre un ennemi, et a été grièvement, sinon mortellement blessé.

— Ô mon Dieu ! s’écria Mathilde, je prierai pour lui pendant quinze jours… je prierai pour lui jusqu’à ce qu’il soit guéri.

— C’est bien, et prie aussi pour moi, chère enfant ; mais j’ai autre chose encore à te demander.

— Parlez, mon père : je suis votre humble et obéissante servante.

— Comprends-moi bien, Mathilde. Je vais en voyage pour quelques jours ; ton grand’père et tous les nobles seigneurs que tu connais partent aussi. Qui désaltérera le pauvre blessé quand il aura soif ?

— Qui ? moi, mon père : je ne le quitterai pas d’un instant jusqu’à votre retour. J’emporterai mon faucon dans sa chambre et ne cesserai de lui tenir compagnie. Ne craignez pas que je l’abandonne aux soins des domestiques : je porterai de ma propre main la coupe à ses lèvres. Oh ! je serai bien heureuse s’il guérit !

— Merci, mon enfant, je reconnais ton excellent cœur ; mais il faut encore que tu promettes de ne pas 4