Le vieux comte, rempli d’espoir, se rendit avec confiance à cette royale entrevue.
Il fut introduit dans une salle vaste et splendide. Au fond s’élevait le trône qu’entouraient, en tombant jusqu’à terre, des draperies de velours bleu semé de fleurs de lis d’or ; un tapis, tissu de fils d’or et d’argent, s’étendait devant les marches de ce siége magnifique. Au moment où le comte entra, Philippe se promenait, ayant à son côté son fils Louis, qui fut depuis surnommé le Hutin[1]. Ils étaient suivis de nombreux seigneurs, et, parmi ces derniers, un plus favorisé s’entretenait familièrement avec le roi. C’était messire de Nogaret, le même qui, sur l’ordre de Philippe, avait osé arrêter et maltraiter le pape Boniface[2].
Dès que Guy fut annoncé, le roi se rapprocha du trône, mais il n’y monta pas. Son fils Louis resta à ses côtés ; les courtisans se partagèrent sur deux rangs. Le vieux comte de Flandre s’avança à pas lents et ploya un genou devant le roi.
— Vassal ! dit celui-ci, demeure dans cette humble attitude qui te convient, après tout le chagrin que tu nous as causés. Tu as bien mérité la mort, et ce