Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/74

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gard sur son fils ; un instant il s’attendrit en songeant aux immenses malheurs de Guy, et se sentit saisi au cœur d’une secrète compassion pour l’infortuné comte.

— Sire, s’écria le jeune Louis avec émotion, prenez-le en pitié pour l’amour de moi. Ayez pitié de lui et de sa fille, je vous en supplie ! Mais le roi se remit promptement et sa physionomie reprit une expression sévère :

— Ne te laisse pas séduire ainsi par la parole d’un vassal insoumis, mon fils, dit-il. Cependant je ne veux pas être implacable : je pardonnerai ; mais s’il a été poussé à la rébellion par l’amour paternel et non par un coupable orgueil.

— Sire, reprit Guy, Votre Majesté sait que j’ai mis en œuvre tous les moyens possibles pour obtenir qu’on me rendît ma fille. Aucune de mes tentatives n’a réussi ; mes prières, mes supplications ont été repoussées, et tout, jusqu’à l’intervention du pape, est demeuré sans résultat. Sire, soyez juste, que pouvais-je donc faire encore ? Hélas ! je l’avoue. Pardonnez-moi, j’ai cru… J’ai eu recours aux armes ! Sire, ce que je voulais, c’était ma fille ! délivrer ma fille était ma pensée, mon espoir ! Mon Dieu, je me suis trompé, les armes m’ont trahi, la fortune de Votre Majesté l’a emporté ! Et maintenant…

— Mais que pouvons-nous faire pour vous aujourd’hui ? interrompit le roi. Vous avez donné à nos vassaux un pernicieux exemple : et la grâce que nous