Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/80

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révoltés, qui ont fait tomber la tête de mes oncles[1], resteraient impunis ! Ils se vanteraient audacieusement d’avoir outragé la reine de Navarre dans son propre sang !

— La colère est une mauvaise conseillère, ma dame ! répondit le roi. Fermez l’oreille à sa voix, ou plutôt, réfléchissez avec calme et dites-moi s’il ne serait pas équitable de rendre une fille à la tendresse de son père.

Le courroux de Jeanne s’accrut encore à ces mots :

— Rendre Philippine à son père ! s’écria-t-elle. Mais, sire, y pensez-vous vous-même ? Oui, rendez-lui la liberté, et vous verrez la princesse de Flandre épouser le fils du roi d’Angleterre, et l’espoir de cette alliance sera à jamais perdu pour votre fils à vous. Non, non, cela ne sera jamais, — je vous le jure. Et d’ailleurs, Philippine est ma prisonnière, à moi. Toute votre puissance ne réussira pas à l’arracher de mes mains !

— Madame, s’écria Philippe, ce langage altier sort des bornes : et même, de votre bouche, je ne le supporterai pas, songez-y. Je puis vous faire durement expier votre faute. Ma volonté est la volonté de votre souverain !

  1. … Et aussi à cause de la reine, qui avait les Flamands en grande haine, parce que ses oncles avaient été faits prisonniers en Flandre… et que Philippe d’Alsace avait fait décapiter dans le pays de Flandre, deux de ses oncles bâtards. (L’Excellente Chronique.)