Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Guy ; et, se rapprochant de son époux, elle dit d’une voix insinuante :

— Vous voyez bien, sire, que mon conseil n’est pas si mauvais et qu’il est au contraire tout à votre avantage. Comment pensez-vous favoriser des rebelles au détriment de votre royaume de France ? Ne vous ont-ils pas outragé aussi bien que moi ? N’ont-ils pas prêté aide et secours à nos ennemis communs ? N’ont-ils pas méprisé nos ordres ? Puisque l’argent qu’ils possèdent les rend si hautains et si présomptueux, rien de plus facile que de le leur ôter, sire ; faites-le hardiment, et ils baiseront encore votre royale main pour vous remercier de ce que vous daignez leur laisser la vie. N’ont-ils pas tous mérité la mort ?

— Messire de Marigny, demanda le roi, ne connaissez-vous aucun moyen de pourvoir, pendant quelque temps encore, aux dépenses du royaume ? L’argent de Flandre ne peut nous arriver de sitôt, et vos remontrances me jettent dans un véritable désespoir.

— Je n’en connais aucun, sire ! Nous avons épuisé toutes nos ressources !

— Écoutez, dit Jeanne en interrompant le sire de Marigny : si vous voulez agir envers Guy selon mon désir, je frapperai mon royaume de Navarre d’un impôt extraordinaire et, d’ici à longtemps, nous n’aurons plus à nous occuper de ces tristes embarras.

Soit faiblesse de caractère, soit besoin impérieux