Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/112

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— Pardonnez-moi, monsieur de Vlierbecke, il m’est impossible de vous croire ; je ne pensais pas que vous fussiez si dur à la détente ; mais soit ! chacun a son travers, l’un est trop avare, l’autre trop prodigue. Quoiqu’il en soit, je veux faire quelque chose pour épargner à Gustave un long chagrin. Voyons, donnez à votre fille vingt-cinq mille francs, sous la condition que le montant de la dot restera secret, car je ne veux pas non plus être tourné en ridicule… Vingt-cinq mille francs ! Vous ne direz pas que c’est trop… une pareille bagatelle suffira à peine à payer leur mobilier. Voyons, soyez raisonnable. Voici ma main !

Pris d’un frémissement nerveux, le gentilhomme se leva brusquement et fit tourner d’une main tremblante la clef d’une armoire encastrée dans le mur. Bientôt il Jeta sur la table une liasse de papiers et dit :

— Tenez, lisez, convainquez-vous !

Le négociant se mit à parcourir les papiers ; sa physionomie changea peu à peu ; et de temps en temps il hochait la tête en réfléchissant profondément. Pendant ce temps, le gentilhomme disait d’une voix ironique et incisive :

— Ah ! vous ne vouliez pas me croire ! Eh bien ! basez votre décision sur ces papiers seuls. Il faut que vous sachiez tout, je ne veux plus revenir sur ce banc de torture : il y a encore une lettre de change de quatre mille francs que je ne puis payer ! Vous le voyez : je suis plus que pauvre, j’ai des dettes !

— C’est cependant la vérité ! dit monsieur Denecker avec stupéfaction. Vous ne possédez rien. Je vois dans