Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/113

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ces pièces que mon notaire est aussi le vôtre ; je lui ai parlé de votre fortune… et il m’a laissé dans mon opinion ou pour mieux dire dans mon erreur…

Comme si un rocher fût tombé de sa poitrine, le gentilhomme respira plus librement, et son visage reprit en quelque sorte la calme et digne expression qui lui était habituelle. Il se rassit et dit avec une froideur contenue :

— Maintenant que vous ne doutez plus de ma pauvreté, je vous demande, monsieur Denecker, quelles sont vos intentions ?

— Mes intentions ? repartit le négociant, mes intentions sont que nous restions bons amis comme devant ; quant au mariage, l’affaire tombe à l’eau, nous n’en parlerons plus. Comment donc avez-vous fait votre compte, monsieur de Vlierbecke ? Je commence seulement à y voir clair ; vous croyiez faire une bonne affaire et vendre votre marchandise aussi cher que possible…

— Monsieur ! s’écria le gentilhomme le regard flamboyant, parlez avec respect de ma fille ! Pauvre ou riche, n’oubliez pas qui elle est !

— Ne vous fâchez pas, ne vous fâchez pas, monsieur de Vlierbecke, répondit le négociant ; je ne veux pas vous insulter. Loin de là ; si vous eussiez réussi dans vos vues, je vous eusse peut-être admiré ; mais fin contre fin fait mauvaise doublure. Et puisque vous êtes si susceptible sur le point d’honneur, permettez-moi de vous demander si vous avez agi bien loyalement envers mon neveu en l’amadouant et en laissant grandir dans son cœur ce malheureux amour ?

Monsieur de Vlierbecke courba la tête pour cacher la