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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/16

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circuler beaucoup de monde. Les jeunes gens s’efforçaient de se réchauffer en accélérant le pas, les bons bourgeois soufflaient dans leurs doigts en claquant des dents, et les ouvriers se frappaient le corps à tour de bras.

En cet instant, une jeune femme traversait lentement la rue de la Boutique, dont elle devait bien connaître les habitudes, car elle allait d’une maison d’indigents à l’autre et ne sortait d’aucune sans qu’une expression de douce satisfaction se peignît sur ses traits. Un manteau de satin, doublé de chaude ouate sans doute, enveloppait sa taille élégante ; un chapeau de velours encadrait son gracieux visage et ses joues, légèrement empourprés par la vivacité de l’air. Un boa s’enroulait autour de son cou, et ses mains se dissimulaient dans un manchon charmant. Cette jeune dame, qui paraissait d’une condition aisée, touchait au seuil d’une maison dans laquelle elle semblait près d’entrer, lorsqu’elle aperçut à quelque distance une dame qu’elle connaissait ; elle s’arrêta devant la porte de la pauvre demeure jusqu’à ce que son amie fût à quelques pas d’elle, et, s’avançant alors à sa rencontre avec un doux sourire, elle lui dit :

— Bonjour, Adèle. Comment vas-tu ?

— Assez bien, et toi ?

— Dieu merci, je me porte bien et suis plus heureuse que je ne pourrais te le dire.

— Pourquoi cela ? Il me semble que le temps n’est pas si agréable ?

— Il l’est pour moi, Adèle. Je ne suis pas levée depuis