Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/246

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— Je vous remercie mille fois, dit Trine, qui se dirigea vers la rue indiquée.

Arrivée devant la caserne, elle la reconnut facilement tant au nombre des soldats qui y entraient ou en sortaient qu’au roulement de tambour qu’elle entendit à l’intérieur.

Souriante de joie, elle marcha droit à la porte pour entrer ; mais le factionnaire lui cria d’une voix brusque :

— Halte ! arrière ! on n’entre pas !

La jeune fille ayant fait encore un pas, il la repoussa avec une rudesse un peu adoucie.

— Mais, mon ami, dit-elle en soupirant, je voudrais parler à quelqu’un qui est soldat aussi. Que faut-il donc que je fasse ?

— De quel bataillon et de quelle compagnie est-il ? demanda le factionnaire.

— Oh ! je n’en sais absolument rien ! dit la jeune fille avec découragement.

— Attendez une demi-heure, reprit le factionnaire ; dans un instant on va battre pour la soupe, et aussitôt après il y a appel pour l’exercice. Vous verrez tous les hommes sortir de la caserne, et, si vous avez de bons yeux, vous reconnaîtrez bien celui que vous cherchez. Allez, en attendant, boire un verre de bière au Faucon, et laissez-moi en paix ; car je vois là-bas l’adjudant qui nous épie.

La sentinelle laissa Trine stupéfaite et bouche béante ; il frappa avec force de la main droite sur la crosse de son fusil, porta la tête en arrière et se mit, comme