Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/245

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efforcée de suivre l’enchaînement. Elle n’y avait rien compris, et allait demander des renseignements plus clairs, quand le factionnaire cria soudain à pleine voix :

— Aux armes !

Tous coururent en tumulte au corps de garde prendre leurs fusils. Le soldat dit rapidement à Trine effrayée :

— Allons, allons, partez vite, ou nous serons flanqués au cachot. Voici le commandant de place !

La jeune fille ne se le fit pas dire deux fois, car près de la porte de la ville elle, aperçut un officier à cheval qui lui sembla vêtu comme un roi et qui avait de formidables moustaches. Irrité de ce qu’il avait surpris la garde en conversation avec une femme, il regarda la pauvre paysanne avec des yeux aussi menaçants que s’il eût voulu l’avaler. Toutefois, il passa outre sans lui adresser la parole ; mais elle l’entendit en tremblant se répandre en invectives contre les soldats, sans pouvoir s’expliquer d’ailleurs d’où pouvait naître cette violente colère.

Elle se hâta d’entrer en ville, et finit aussi par trouver le marché. Elle remarqua çà et là des soldats d’uniformes différents ; mais l’aventure de la garde l’avait rendue circonspecte. Elle s’adressa à une bourgeoise.

— Madame, ne sauriez-vous pas le flamand ?

— Sans doute.

— Voudriez-vous me dire, s’il vous plaît, où sont les chasseurs ?

— Certainement. Il faut tourner ce coin, et aller toujours tout droit jusqu’au bout de la rue. Là se trouve la caserne des chasseurs.