Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes, âgées aussi, et plus loin un homme jeune et robuste dont un œil roulait, éteint et morne, sous de noirs sourcils, tandis que l’autre étincelait de vitalité et d’énergie. À côté de lui était assise une femme pleine de fraîcheur tenant un enfant sur les genoux et ayant de plus auprès d’elle un petit garçon tout rose et une petite fille de sept ou huit ans. Tout à l’extrémité de la table se tenait un beau jeune homme aux vives couleurs et au doux regard.

Sur le signal de l’homme qui n’avait qu’un œil, tous firent un dernier signe de croix et se levèrent. Le grand-père alla d’un pas chancelant s’asseoir dans le coin du foyer. Les autres m’adressèrent tous la parole pour m’engager à prendre leur demeure pour asile, car la pluie tombait toujours abondamment.

Peu de temps après j’étais déjà sur un pied de familiarité avec ces bonnes gens, et je causais avec eux comme un ami de longue date. Dans l’après-dînée je partageai leur pain de seigle, si nutritif, et bus avec eux le café de l’hospitalité. Et comme je n’avais, pour le moment, rien de mieux à faire que d’écouter les belles et touchantes histoires que me racontaient l’homme à un œil et sa femme, ce ne fut que le lendemain matin que je quittai la ferme.

Le récit que je viens de vous faire, cher lecteur, je l’ai appris ce soir-là dans la ferme isolée, qui jadis n’était formée que de deux huttes d’argile, mais qui maintenant est une belle métairie avec quatre vaches et deux chevaux.

Jean Braems et Trine, son excellente femme, tra-