Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/365

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Cette habitation, formée de la seule aile du cloître qui demeurât debout, et dont les fenêtres gothiques étaient grossièrement murées avec des briques de rebut, était ceinte avec le jardin y attenant de hauts murs soutenus d’espace en espace par des contreforts en saillie.

Mais là n’était pas la cause qui arrêtait le passant devant cette étrange demeure et le jetait dans de tristes réflexions.

Cette mystérieuse habitation, — mélancolique débris d’une prospérité et d’une puissance évanouies, — avait un air de dépérissement et de ruine qui faisait peine au cœur. Le sol, aux alentours, était inculte et dévasté, d’énormes amas de décombres et des fosses profondes le rendaient presque inaccessible. Les murailles nues de l’édifice étaient rongées par le temps et sillonnées de longues crevasses ; les contre-forts tombaient en ruines de tous côtés, et même quelques-uns d’entre eux gisaient renversés au pied du mur qu’ils devaient soutenir. Nulle part on ne voyait trace qu’une main humaine se fût efforcée de réparer le désastre ou de retarder la destruction.

Au morne silence qui régnait aux environs on eût cru cette maison inhabitée, si l’on n’avait remarqué un sentier tracé dans la neige, se dirigeant de la porte vers le village, et allant se perdre un peu plus loin dans le chemin commun. Avec plus d’attention, on pouvait même reconnaître parmi les pas d’hommes marqués dans ce sentier l’empreinte plus délicate d’un pied de femme…

À l’intérieur de cette maison, sous un large manteau de cheminée, étaient assis deux hommes, muets, immo-