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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/384

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champs étaient couverts de teintes roses et purpurines.

Soit que la chanson fût finie, soit qu’elle eût à se pencher trop bas sur le cuveau de carottes, la jeune fille se tut.

Le jeune paysan jeta sa casquette en l’air, la rattrapa avec la main, et chanta sur un air charmant :

À bas les soucis, la peine !

Mets ton tablier bleu des grands jours.
Déjà j’entends dans la plaine
Violons, fifres et tambours !
À bas chagrin et tristesse.

Demain ce sera kermesse !


— Barthélemy, Barthélemy, dit la jeune fille en riant, voilà encore une fois ta tête à l’envers ! Tu me feras mourir de rire avec tes singeries !

— Ma foi, chère Jeannette, si tu ne me retiens, je commence à faire des entrechats que ce sera terrible ; car je suis aussi joyeux que si j’avais plus d’argent que l’oncle de Cécile.

— Vraiment ? et pourquoi ? car je ne vois pas la cause. Est-ce que tu irais à la foire demain ?

— Je pourrai bien aller à la foire, en effet ; il est temps, Jeannette ; que nous avisions à trouver un petit porc… Ce n’est pas pour cela… J’ai bien longtemps gardé le secret, mais viens plus près, et tu sauras tout.

Il alla à sa sœur, la prit par le bras, et l’attira derrière le coin de la maison, avec des gestes si mystérieux, que la jeune fille en fut toute stupéfaite et le regarda avec de grands yeux.