Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/389

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À bas chagrin et tristesse ;
Demain ce sera kermesse !


Mais son œil n’eut pas sitôt rencontré le doux et grave visage de Cécile, que sa voix s’arrêta, et il ralentit le pas comme si un sentiment de respect l’eût saisi en présence de la jeune fille.

Tous s’assirent à table, prièrent avec recueillement, après quoi chacun, la cuiller en main, se mit à manger de bon appétit l’excellente bouillie. La mère posa ensuite sur la table un grand plat de pommes de terre et de lard frit.

Toutes ces gens paraissaient heureux ; de tous les yeux rayonnaient la santé, le contentement, la reconnaissance. Barthélemy disait une plaisanterie ou l’autre, feignait de se brûler, ou faisait de joyeuses et incompréhensibles allusions à la fête du lendemain, de sorte qu’il fit rire ses commensaux pendant tout le repas.

Si un millionnaire eût pu voir ce dîner, à coup sûr il eût envié le sort de ces pauvres gens.

À peine avaient-ils entamé leur second et dernier plat qu’un coup léger qu’on eût dit frappé par une main craintive se fit entendre à la porte.

— C’est la pauvre veuve du maçon qui s’est tué en tombant il y a quelques mois, dit la mère ; je l’ai vue dimanche près de l’église et lui ai dit qu’elle pouvait venir chercher une aumône tous les mardis. Jeannette, coupe un morceau de pain pour elle. — Entrez ! cria-t-elle en se tournant vers la porte.

On vit paraître sur le seuil une femme encore assez jeune, mais ses joues étaient blêmes et amaigries, et ses