Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/411

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Un instant après, Cécile entendit, dans les profondeurs de la maison, la voix de Mathias qui criait :

— Oncle Jean ! oncle Jean !

La jeune fille se leva toute tremblante, une vive frayeur se peignit sur son visage, son regard fit le tour de la chambre.

— Ciel ! s’écria-t-elle, il est allé trouver mon oncle ! pour le tromper d’avance !

Elle courut à la porte et voulut l’ouvrir. Un cri de désespoir lui échappa lorsqu’elle s’aperçut que Mathias avait poussé le verrou en dedans :

— Hélas ! s’écria-t-elle, il ne me croira pas, ma seule espérance est perdue. Que faire ? Oh ! que Dieu me protège !

Elle s’affaissa sur une chaise et demeura immobile, l’œil vague comme celui d’une insensée, regardant sans voir et frissonnant de temps en temps quand les pas de Mathias et de son oncle faisaient craquer au-dessus de sa tête le plancher de l’étage.

Elle était assise depuis quelque temps seulement, lorsque la porte s’ouvrit, et l’oncle Jean entra avec Mathias. La physionomie du vieillard annonçait à la fois l’irritation et la tristesse. La figure de Mathias avait au contraire repris son expression de feinte niaiserie. Ce dernier alla lentement et comme indifférent s’asseoir auprès du foyer.

L’oncle prit aussi une chaise, s’assit non loin de la jeune fille en larmes, et dit d’un ton douloureux :

— Ô Cécile, je n’eusse jamais cru que ton ingratitude envers moi irait aussi loin ; je ne le crois pas encore. Ce