Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/45

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bienveillant, monsieur de Vlierbecke fut saisi d’un frisson glacial et pâlit légèrement. Mais il reprit courage aussitôt et dit d’un ton suppliant :

— Veuillez m’excuser, monsieur le notaire. Pressé par une impérieuse nécessité, je viens encore une fois faire appel à votre bonté et solliciter de votre générosité un petit service,

— Et que désire monsieur de moi ? demanda le notaire avec méfiance,

— Je voudrais, monsieur le notaire, que vous me trouvassiez encore une somme de mille francs, ou même moins, garantie par une hypothèque sur mes propriétés. Toutefois ce n’est pas là une demande spéciale ; j’ai absolument besoin d’argent aujourd’hui, et je désire que vous me prêtiez deux cents francs ce matin même. J’ose espérer, monsieur le notaire, que vous ne me refuserez pas ce léger secours qui doit me sauver d’un extrême embarras.

— Mille francs ? sur hypothèque ? grommela le notaire. Et qui en servira la rente ? Vos biens sont grevés au delà de leur valeur.

— Oh ! vous vous trompez, monsieur le notaire, s’écria monsieur de Vlierbecke avec une profonde émotion.

— Pas le moins du monde. Sur l’ordre des personnes qui vous ont avancé de l’argent, j’ai fait faire l’estimation de toutes vos propriétés au taux le plus élevé. Il en résulte que vos créanciers ne recouvreront leurs capitaux que dans le cas d’une vente extrêmement avantageuse. Vous avez fait une irréparable folie, Monsieur ; j’eusse