Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/510

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Mathias se prit à trembler ; un frisson glacé parcourut tous ses membres : cependant il ne put, il n’osa ajouter foi à ses craintes, à ses inquiétudes, et tenta encore d’énergiques efforts pour ouvrir la porte. Il fit jouer la clef de toutes façons, il se raidit contre la porte et chercha à la jeter hors de ses gonds. Ce rude travail faisait couler la sueur sur son front… Rien ne réussissait, rien ne donnait même quelque espoir.

Enfin, épuisé de lassitude, il s’affaissa comme anéanti, et dit en laissant tomber avec désespoir sa tête sur sa poitrine.

— C’est épouvantable ! Fermée en dehors !… Non, non, c’est impossible… je me trompe… Qui l’aurait fait ? Catherine ? Et sa part de l’héritage ? Ciel ! la lumière pâlit… la lampe… la lampe est éteinte ! Hâtons-nous… encore un effort !

Il remit la clef dans la serrure, et la fit manœuvrer si longtemps et si fiévreusement que ses mains en furent tout endolories et couvertes de meurtrissures ; son dos, ses épaules, ses genoux s’ensanglantèrent dans ces efforts surhumains. Des cris rauques et sauvages accompagnaient ce travail désespéré. Rien ne réussit ; la porte resta inébranlable.

Convaincu de l’inutilité de ses tentatives, Mathias descendit l’escalier et se mit à parcourir comme un insensé l’obscur caveau. De profondes ténèbres l’entouraient ; son regard ne découvrait pas la moindre lueur ; on eût dit une tombe close.

Le misérable s’arrachait les cheveux et se frappait violemment le front ; il allait à pas précipités d’un coin