Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/569

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reste en leur présence. En serez-vous chaque fois affligé ?

Karel rougit ; il se reprochait dans son for intérieur les observations qu’il s’était permises, et admirait la naïve bonté de sa bien-aimée. Il lui prit la main et dit avec un doux sourire :

— Lisa, je suis un insensé. Voulez-vous me faire un plaisir ?

— Sans doute, Karel.

— Oui, mais sérieusement, en toute franchise. Oubliez ce caprice de ma part. Vraiment, cela me peinerait maintenant si je vous voyais changer de conduite. Aussi bien, pourquoi le demanderais-je, puisque votre père est le maître et vous forcerait d’agir selon sa volonté ?

— À la bonne heure, Karel, vous êtes raisonnable maintenant, dit la jeune fille ; je ne puis être autrement que polie, n’est-il pas vrai ? Mon père est le maître. D’un autre côté vous avez tort aussi ; monsieur Van Bruinkasteel m’a parlé longtemps ; tout ce qu’il m’a dit était très-convenable, et je me plais à reconnaître que je l’ai écouté avec plaisir.

Karel sentit une nouvelle oppression peser sur son cœur ; mais il comprima ce sentiment renaissant et reprit d’une voix suppliante :

— Oublions ce qui s’est passé, mon amie. J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Ma mère a enfin donné son consentement ; nous allons agrandir beaucoup notre maison ; dès lundi les ouvriers se mettront à creuser les fondations. Il y aura une belle chambre pour vous seule, avec une cheminée de marbre et une jolie tapisserie. Nous aurons une demeure avec une entrée parti-