Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/568

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effet ; mais, mon amie, si vous pouviez savoir quelle peine déchire mon cœur, quel chagrin cela me donne, vous prendriez en pitié l’excès de mon amour ; vous me pardonneriez mes idées noires, et vous me consoleriez dans ma tristesse.

Ces paroles dites d’un ton calme et tendre émurent profondément la jeune fille. Elle répondit avec douceur au milieu de ses larmes :

— Ah ! Karel, je ne sais quelles idées vous avez ; mais, quoi qu’il en soit, puisque ce qui vient de se passer vous chagrine, cela n’arrivera plus. Si désormais il vient encore des messieurs je me lèverai et j’irai dans une autre chambre !

— Non, non, Lisa, ce n’est pas là ce que je désire, dit avec un soupir Karel à demi honteux du résultat de ses observations. Soyez polie et affable envers chacun comme cela convient, même avec les messieurs qui étaient ici tout à l’heure. Vous ne me comprenez pas, ma chère amie. Faites comme auparavant ; mais souvenez-vous que certaines choses m’affligent ; n’oubliez pas, dans ces cas-là, que votre père se trompe parfois, et prenez le sentiment de votre propre dignité comme mesure de ce que vous avez à faire. Je sais combien votre cœur est pur, Lisa ; peu m’importe qui vient au Saint-Sébastien ; mais je veux que l’on vous respecte : le moindre oubli, l’ombre seule d’un manque d’égards vis-à-vis de vous me perce cruellement le cœur !

— Mais, Karel, vous avez entendu que monsieur Adolphe et ses amis doivent revenir souvent ici. Il faudra bien que je leur parle et leur réponde si je