Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/63

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habituellement si plein de vie, s’éteignait, morne et languissant, sous ses sourcils abaissés.

Le cheval était à l’écurie ; le jeune domestique qui avait déjà déposé la livrée, tira de la voiture quelques paniers et quelques paquets qu’il déposa sur la table de la ferme. Sur ces entrefaites, monsieur de Vlierbecke s’approcha du fermier.

— Maître Jean, dit-il, j’ai besoin de vous. Il vient du monde demain au Grinselhof. Monsieur Denecker et son neveu dînent ici.

Le fermier, au comble de la stupéfaction, regardait son maître, la bouche béante ; il n’en pouvait croire ses oreilles. Après un instant, il demanda d’une voix pleine d’hésitation :

— Ce gros riche monsieur qui, le dimanche à la grand’messe, se met près de vous au jubé ?

— Lui-même, maître Jean ; qu’y a-t-il de si surprenant en cela ?

— Et le jeune monsieur Gustave qui, hier après la messe, a parlé sur le cimetière à notre demoiselle ?

— Lui-même !

— Oh ! Monsieur, ce sont des gens si riches ! Ils ont acheté tous les biens qui sont autour d’Echelpoel ; ils ont bien, dans leur château, dix chevaux à l’écurie, sans compter ceux qu’ils ont encore en ville. Leur voiture est tout argent du haut en bas…

— Je le sais, et c’est précisément pour cela que je veux les recevoir comme il convient à leur rang. Tenez-vous prêt, de même que votre femme et votre fils ; je viendrai vous appeler demain matin de très-bonne heure.