Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/64

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Vous donnerez volontiers un coup de main pour m’aider, n’est-ce pas ?

— Certainement, certainement, Monsieur ! Un mot de vous suffit… je suis bien heureux de pouvoir faire quelque chose pour votre service…

— Je vous remercie de votre bonne volonté. Ainsi, c’est dit : à demain !

Monsieur de Vlierbecke entra dans la ferme, donna au jeune homme quelques ordres relatifs aux objets tirés de la voiture, puis il gagna le bosquet et s’achemina vers le Grinselhof.

Dès qu’il fut hors de la vue du fermier, sa physionomie prit une expression plus sereine ; un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’il promenait son regard autour de lui comme s’il eût cherché quelqu’un dans la solitude du jardin.

Au détour d’un sentier son œil tomba soudain sur la jeune fille endormie. Comme fasciné par le ravissant tableau qui s’offrait à lui, il ralentit sa marche et bientôt s’arrêta en extase…

Dieu, que l’enfant était belle dans son repos ! Le soleil couchant l’inondait d’ardents reflets et jetait une teinte de rose sur tout ce qui l’entourait. Les boucles épaisses de sa chevelure tombaient éparses sur ses joues dans un charmant désordre. Le catalpa avait semé sur elle et autour d’elle ses calices d’une blancheur de neige. Elle rêvait toujours : un sourire de calme bonheur se jouait sur ses traits ; ses lèvres émues balbutiaient d’inintelligibles paroles, comme si son âme se fût efforcée d’exprimer les sentiments qui débordaient en elle.