Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/644

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dans son attitude trahissait d’amères douleurs, le remords et la honte.

Quelles étaient les pensées du malheureux père qui voyait son unique enfant s’éteindre ainsi comme une martyre ? S’accusait-il lui-même ? Reconnaissait-il que sa vanité était le bourreau qui avait rivé l’innocente victime sur le banc de torture ?

Quoi qu’il en soit, dans son cœur aussi un serpent dévorant tordait ses replis, car son visage était sillonné des rides profondes de la souffrance, et ses joues flétries, ses mouvements lents témoignaient assez que les dernières étincelles de confiance, de courage et d’espérance étaient éteintes dans son âme.

Le moindre soupir de sa fille malade le faisait frissonner ; la toux pénible de Lisa déchirait son propre sein ; et quand elle dirigeait sur lui son regard souffrant, il tremblait comme s’il eût lu dans son œil vague et incertain le mot affreux : infanticide ! Et pourtant maintenant que dans son cœur l’amour paternel s’était dégagé pur et ardent, des liens de l’orgueil, il eût accepté avec joie la mort la plus cruelle pour prolonger d’une seule année la vie de son enfant.

Pauvre Gansendonck ! tout lui avait si bien souri dans le monde ! De si célestes rêves de félicité et de grandeur l’avalent bercé toute sa vie de leur doux mirage ! Et maintenant il était là, comme une ombre muette, assis auprès de son enfant mourante, — affaissé et tremblant comme un criminel sur le banc d’infamie.

Si ce continuel tourment de la conscience, cette éternelle pensée de mort avaient vieilli son corps, elles