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X


La fille de l’orgueil s’appelle la honte.



L’hiver est passé. Déjà les arbres et les plantes commencent à déployer leur tendre verdure sous la douce lumière du soleil ; les oiseaux font leurs nids et chantent leurs belles chansons de mai ; tout brille d’une vigueur juvénile, tout sourit à l’avenir, comme si jamais sombre nuage ne devait plus obscurcir le beau cil bleu…

Dans l’arrière chambre du Saint-Sébastien repose une jeune fille malade, la tête sur un coussin. Pauvre Lisa, un ver cruel ronge sa vie ! Elle est assise là, immobile et pourtant haletante de lassitude ; le moindre mouvement est pour elle un pénible travail. Son visage est pâle et transparent comme le verre mat ; mais sur chacune de ses joues amaigries rougit une tache brûlante, indice fatal qui donne le frisson… Plongée dans une triste rêverie, elle effeuille de ses doigts effilés quelques marguerites qu’on vient de lui apporter pour la distraire, comme un jouet à un enfant. Elle laisse tomber sur le parquet les fleurs flétries ; sa tête s’affaisse sans force sur le coussin ; son regard vitreux monte vers le ciel et plonge dans l’infini ; son âme mesure déjà la route de l’éternité !

Un peu en arrière de la jeune fille, du côté de la fenêtre était assis baes Gansendonck, les bras croisés sur la poitrine. Sa tête était penchée profondément, ses yeux à demi clos étaient fixés sur le sol : tout sur ses traits et