Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/646

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du jardin, tu t’assiéras derrière la belle haie de hêtres ; tu verras comme les fleurs rajeunies poussent avec vigueur ; tu entendras comme les oiseaux chantent bien. Fais cela pour moi, Lisa.

— Eh bien ! père, répondit la jeune fille, pour vous plaire j’essaierai si je puis encore aller aussi loin.

Appuyant les deux mains sur la table, elle se leva lentement.

D’abondantes larmes s’échappèrent des yeux du père quand il vit Lisa chanceler sur ses jambes affaiblies, et tous ses membres trembler comme sous un pénible effort ; on eût dit qu’elle allait s’affaisser sous le poids de son corps pourtant si délicat. Baes Gansendonck la prit sous les bras, sans dire un mot, et la porta plus qu’il ne la soutint. Ils s’en allèrent ainsi pas à pas à travers l’auberge, et après s’être maintes fois reposés, atteignirent le jardin, où Lisa, à bout de forces et prise d’une toux douloureuse, s’affaissa dans le fauteuil.

Après que le baes eut disposé les coussins derrière son dos et sous sa tête, il s’assit à côté d’elle sur une chaise, et attendit en silence qu’elle fût un peu remise de sa lassitude.

Enfin il dit d’un ton consolateur, tout en pleurant encore :

— Aie bon espoir, chère Lisa ; le bel été est commencé ; l’air doux et pur te fortifiera. Tu guériras, va, mon enfant !

— Ah ! mon père, pourquoi me tromper ? dit la jeune fille en soupirant et en hochant la tête. Tous ceux qui me voient, — vous comme les autres, père, — pleurent