Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/647

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et gémissent sur mon sort. C’en est fait, n’est-ce pas ? Quand viendra la Kermesse, je serai déjà couchée au cimetière.

— Mon enfant, ne t’attriste pas toi-même par cette désolante pensée.

— Une pensée désolante ! On n’est pas bien en ce monde, père ! Ah, si j’étais déjà au ciel ! Là est la santé, la joie, l’éternel amour.

— Karel reviendra bientôt, Lisa. N’as-tu pas dit toi-même que tu serais vite guérie ? Lui saura bien te consoler ; sa voix affectueuse t’arrachera à tes amères souffrances et te rendra une force nouvelle.

— Encore six mois ! dit la jeune fille avec désespoir, en levant les yeux au ciel comme si elle adressait une demande à Dieu. Encore six mois !

— Plus aussi longtemps ; Lisa. Kobe est parti hier pour Bruxelles, chargé d’une lettre de notre bourgmestre pour le monsieur qui est notre intercesseur auprès du ministre. Tout nous fait espérer que nous obtiendrons pour Karel une diminution de peine. En ce cas, il sera mis sur-le-champ en liberté. Dieu sait si Kobe ne nous apportera pas cette après-dînée la joyeuse nouvelle de sa prochaine délivrance. Lisa, mon enfant, ne te sens-tu pas revivre à cette pensée ?

— Pauvre Karel ! dit Lisa, rêveuse, quatre éternels mois déjà ! Ô père, j’ai commis une faute, moi… Mais lui qui est innocent que ne doit-il pas souffrir dans son sombre cachot !

— Mais non, Lisa. Avant-hier encore, je suis allé le voir dans sa prison. Il supporte son sort avec patience :