Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/656

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éclat sur le drap blanc… Là-dessous aussi gît une fleur, un lis rongé par le ver des douleurs, pâle et flétri ; innocent agneau expiatoire, malheureuse victime de l’orgueil et de la vanité !

Trois hommes seulement suivent immédiatement le corps. D’un côté marche Kobe le domestique ; de l’autre, Sus le forgeron.

Pleurant de pitié et de tristesse, ils soutiennent une troisième personne qui chancelle comme un homme ivre. Il cache son visage dans ses mains, des larmes s’échappent à travers ses doigts ; sa poitrine est soulevée par de douloureux sanglots… Pauvre Gansendonck ! coupable père, tu n’oses plus jeter les yeux sur ce cercueil ? À chaque regard, le ver de la conscience te mord au cœur, n’est-ce pas ? Tu trembles d’angoisse et de honte ? Mais je ne veux pas lire dans ton cœur ; ton martyre m’inspire le respect ; j’oublie ton fatal orgueil, et moi aussi je verse une larme de compassion sur ta cuisante douleur…

On approche du champ de la mort ; voilà le prêtre qui doit dire sur la dépouille mortelle la dernière prière…

Mais, qu’est-ce qui frappe d’effroi la foule muette ? Pourquoi ce cri d’angoisse qui s’échappe en même temps de toutes les poitrines ? Quelle terrible apparition fait trembler ces jeunes filles ?

Dieu ! voilà Karel !… Il s’arrête un moment comme frappé de la foudre, il fixe un œil égaré sur le cortège dont la marche s’est interrompue tout à coup sous ses regards ardents ?… Le jeune homme anéanti comprend ce qui se passe ! Il accourt les cheveux dressés sur la