Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/655

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récemment creusée ; chaque tintement de la cloche de deuil retentit dans cette fosse qui attend ; on dirait qu’une voix sourde s’élève du sol, et que la terre avide appelle sa proie en soupirant.

Les animaux mêmes frissonnent douloureusement à ce lugubre appel de la mort ; les chiens répondent par des hurlements au son des cloches, les taureaux poussent des beuglements sourds… Hors ces funèbres sons, un morne silence enveloppe toute la commune ; on n’y aperçoit d’autre mouvement que la marche appesantie de vieilles gens qui, le livre de prières et le rosaire à la main, s’acheminent vers l’église comme des ombres muettes.

Dans le lointain s’avance Un triste cortège… Mais comme il est beau ici le voyage vers le lieu du dernier repos !

Quatre jeunes filles, vêtues de robes blanches comme la neige, portent le corps de leur compagne morte dans la fleur de la vie ; d’autres jeunes filles, parées de même, marchent à côté d’elles pour recevoir à leur tour le précieux fardeau. Toutes les filles de la commune suivent derrière, portant à la main des fleurs ou des branches de buis, toutes, jusqu’aux petites filles dont l’âme innocente ne comprend pas encore ce que signifié le mot mourir. Beaucoup pleurent amèrement, toutes marchent la tête baissée et plaignent la pauvre Lisa, si innocente hélas ! et pourtant si punie.

Sur le cercueil sont semées des fleurs : les roses et les lis, emblèmes de la pureté virginale. Leur odeur est si fraîche et si parfumée ; elles brillent si bien de tout leur