Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/81

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Le gentilhomme souhaita la bienvenue à ses hôtes avec cette cordiale dignité qui loi était propre, et adressa quelques paroles affectueuses au jeune homme, tandis que le négociant donnait à son domestique l’ordre de venir le prendre à cinq heures, des affaires urgentes exigeant sa présence à Anvers le soir même.

Monsieur Denecker était un gros homme, vêtu avec luxe, mais dont le costume, négligé avec intention, trahissait la velléité de se donner un air de laisser-aller et d’indépendance. Au demeurant, sa physionomie était assez vulgaire ; à côté d’une certaine finesse rusée, elle dénotait une bonté de cœur peut-être trop tempérée par l’indifférence.

Gustave son neveu avait un extérieur plus distingué : il réunissait à une belle taille et à un visage mâle et fier les avantages d’une éducation parfaite, et chez lui la délicatesse des manières et du langage touchait de près au gentilhomme. Ses cheveux blonds et ses yeux d’un bleu foncé donnaient à ses traits une expression poétique, tandis que son regard plein d’énergie et les plis significatifs qui sillonnaient son front faisaient présumer qu’il était largement doté du côté de l’intelligence et du sentiment.

Monsieur de Vlierbecke introduisit ses hôtes, avec les compliments d’usage, dans le salon où se trouvait sa fille. Le négociant salua celle-ci avec un bienveillant sourire, et s’écria avec une véritable admiration :

— Si belle ! si séduisante, et demeurer cachée dans ce lugubre Grinselhof ! Ah ! monsieur de Vlierbecke, ce n’est pas bien !