Page:Considérations sur la France.djvu/105

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tiennent, quoique de très-loin, à des idées religieuses ; c’en est assez pour les perpétuer. Trois siècles n’ont pu les faire oublier.

Mais vous, maîtres de la terre ! Princes, Rois, Empereurs, puissantes Majestés, invincibles Conquérans ! essayez seulement d’amener le peuple un tel jour de chaque année, dans un endroit marqué, POUR Y DANSER. Je vous demande peu, mais j’ose vous donner le défi solennel d’y réussir, tandis que le plus humble missionnaire y parviendra, et se fera obéir deux mille ans après sa mort. Chaque année, au nom de Saint Jean, de Saint Martin, de Saint Benoît, etc., le peuple se rassemble autour d’un temple rustique : il arrive, animé d’une allégresse bruyante et cependant innocente. La religion sanctifie la joie, et la joie embellit la religion : il oublie ses peines ; il pense, en se retirant, au plaisir qu’il aura l’année suivante au même jour ; et ce jour pour lui est une date[1].

  1. Ludis publicis ... popularem laetitiam in cantu et fidibus et tibiis moderanto, EAMQUE CUM DIVUM HONORE JUNGUNTO. Cic. De Leg. II. 9.