Page:Considérations sur la France.djvu/107

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Ô délire ! ô profondeur de la foiblesse humaine ! Législateurs, méditez ce grand aveu ; il vous apprend ce que vous êtes et ce que vous pouvez.

Maintenant que vous faut-il de plus pour juger le système françois ? Si sa nullité n’est pas claire, il n’y a rien de certain dans l’univers.

Je suis si persuadé des vérités que je défends, que lorsque je considère l’affoiblissement général des principes moraux, la divergence des opinions, l’ébranlement des souverainetés qui manquent de base, l’immensité de nos besoins et l’inanité de nos moyens, il me semble que tout vrai philosophe doit opter entre ces deux hypothèses, ou qu’il va se former une nouvelle religion, ou que le christianisme sera rajeuni de quelque manière extraordinaire. C’est entre ces deux suppositions qu’il faut choisir, suivant le parti qu’on a pris sur la vérité du christianisme.

Cette conjecture ne sera repoussée dédaigneusement que par ces hommes à courte vue, qui ne croient possible que ce qu’ils voient. Quel homme de l’antiquité eût pu prévoir le christianisme ? et quel homme