Page:Considérations sur la France.djvu/108

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étranger à cette religion eût pu, dans ses commencemens, en prévoir les succès ? Comment savons-nous qu’une grande révolution morale n’est pas commencée ? Pline, comme il est prouvé par sa fameuse lettre, n’avoit pas la moindre idée de ce géant dont il ne voyoit que l’enfance.

Mais quelle foule d’idées viennent m’assaillir dans ce moment, et m’élèvent aux plus hautes contemplations !

La GÉNÉRATION présente est témoin de l’un des plus grands spectacles qui jamais ait occupé l’œil humain : c’est le combat à outrance du christianisme et du philosophisme. La lice est ouverte, les deux ennemis sont aux prises, et l’univers regarde.

On voit, comme dans Homère, le père des Dieux et des hommes soulevant les balances qui pèsent les deux grands intérêts ; bientôt l’un des bassins va descendre.

Pour l’homme prévenu, et dont le cœur surtout a convaincu la tête, les événements ne prouvent rien ; le parti étant pris irrévocablement en oui ou en non, l’observation et le raisonnement sont également inutiles. Mais vous tous, hommes de bonne foi, qui niez ou qui doutez, peut-être que cette