Page:Considérations sur la France.djvu/116

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un auteur unique qui paroît comme un phénomène, et se fait obéir.

Dans les deux suppositions , voici par quels caractères Dieu nous avertit de notre foiblesse et du droit qu’il s’est réservé dans la formation des gouvernemens.

1° Aucune constitution ne résulte d’une délibération ; les droits des peuples ne sont jamais écrits, ou du moins les actes constitutifs ou les lois fondamentales écrites, ne sont jamais que des titres déclaratoires de droits antérieurs, dont on ne peut dire autre chose, sinon qu’ils existent parce qu’ils existent[1].

2° Dieu n’ayant pas jugé à propos d’employer dans ce genre des moyens surnaturels, circonscrit au moins l’action humaine, au point que dans la formation des constitutions, les circonstances font tout, et que les hommes ne sont que des circonstances. Assez communément même, c’est en cou-

  1. Il faudroit être fou pour demander qui a donné la liberté aux villes de Sparte, de Rome, etc. Ces républiques n’ont point reçu leurs chartes des hommes. Dieu et la nature les leur ont données. Sidney, Disc. sur le gouv., tom.I, §.2. L’auteur n’est pas suspect.