Page:Considérations sur la France.djvu/18

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ordre élevé. Ce livre n’est point, comme on me l’a défini avant que je l’aie lu, un bon ouvrage de circonstance, mais ce sont les circonstances qui ont dicté le seul bon ouvrage que j’aie trouvé sur la révolution françoise.

Le Moniteur est le développement le plus volumineux de votre livre. C’est là où sont consignés les efforts des hommes en actions et en paroles, et la nullité de ces efforts. S’il y avoit un titre philosophique à donner au Moniteur, je le nommerois volontiers « Recueil de la sagesse humaine et preuve de son insuffisance. » Votre livre, le Moniteur, l’histoire, sont le développement de ce proverbe devenu commun, mais qui renferme en lui la loi la plus féconde en applications et en conséquences : « L’homme propose et Dieu dispose. »

Oui, l'homme ne peut que proposer ; c’est une immense vérité. La faculté de combiner a été laissée à l’homme avec la puissance du libre arbitre ; mais les événemens ont été soustraits à son pouvoir, et leur marche n’obéit qu’à la main créatrice. C’est donc en vain que les hommes s’agitent et délibèrent, pour gouverner ou être gouvernés de telle ou telle manière. Les nations sont comme