Voyez ce Mirabeau qui a tant marqué dans la révolution : au fond, c’étoit le roi de la halle. Par les crimes il a faits, et par ses livres qu’il a fait faire, il a secondé le mouvement populaire : il se mettoit à la suite d’une masse déjà mise en mouvement, et la poussoit dans le sens déterminé ; son pouvoir ne s’étendit jamais plus loin : il partageoit avec un autre héros de la révolution le pouvoir d’agiter la multitude, sans avoir celui de la dominer, ce qui forme le véritable cachet de la médiocrité dans les troubles politiques. Des factieux moins brillans, et en effet plus habiles et plus puissans que lui, se servoient de son influence pour leur profit. Il tonnoit à la tribune, et il étoit leur dupe. Il disoit en mourant, que s’il avoit vécu, il auroit rassemblé les pièces éparses de la Monarchie ; et lorsqu’il avoit voulu, dans le moment de sa plus grande influence, viser seulement au ministère, ses subalternes l’avoient repoussé comme un enfant.
Enfin, plus on examine les personnages en apparence les plus actifs de la révolution, et plus on trouve en eux quelque chose de passif et de mécanique. On ne