ment, lorsque des politiques consommés n’y croyoient point encore. C’est que cette persuasion étoit une des pièces de la révolution, qui ne pouvoit réussir que par l’étendue et l’énergie de l’esprit révolutionnaire, ou, s’il est permis de s’exprimer ainsi, par la foi à la révolution. Ainsi, des hommes sans génie et sans connoissances, ont fort bien conduit ce qu’ils appeloient le char révolutionnaire ; ils ont tout osé sans crainte de la contre-révolution ; ils ont toujours marché en avant, sans regarder derrière eux ; et tout leur a réussi, parce qu’ils n’étoient que les instrumens d’une force qui en savoit plus qu’eux. Ils n’ont pas fait de fautes dans leur carrière révolutionnaire, par la raison que le flûteur de Vaucanson ne fit jamais de notes fausses.
Le torrent révolutionnaire a pris successivement différentes directions ; et les hommes les plus marquants dans la révolution n’ont acquis l’espèce de puissance et de célébrité qui pouvoit leur appartenir, qu’en suivant le cours du moment : dès qu’ils ont voulu le contrarier, ou seulement s’en écarter en s’isolant, en travaillant trop pour eux, ils ont disparu de la scène.