Page:Considérations sur la France.djvu/44

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vu la France déshonorée par plus de cent mille meurtres ? le sol entier de ce beau Royaume couvert d’échafauds ? et cette malheureuse terre abreuvée du sang de ses enfans par les massacres judiciaires, tandis que des tyrans inhumains le prodiguoient au dehors pour le soutien d’une guerre cruelle, soutenue pour leur propre intérêt ? Jamais le despote le plus sanguinaire ne s’est joué de la vie des hommes avec tant d’insolence, et jamais peuple passif ne se présenta à la boucherie avec plus de complaisance. Le fer et le feu, le froid et la faim, les privations, les souffrances de toute espèce, rien ne le dégoûte de son supplice ; tout ce qui est dévoué doit accomplir son sort : on ne verra point de désobéissance, jusqu’à ce que le jugement soit accompli.

Et cependant dans cette guerre si cruelle, si désastreuse, que de points de vue intéressans ! et comme on passe tour à tour de la tristesse à l’admiration ! Transportons-nous à l’époque la plus terrible de la révolution ; supposons que, sous le gouvernement de l’infernal comité, l’armée, par une métamorphose subite, devienne tout à coup