Page:Considerant - Bases de la politique positive, manifeste de l'école sociétaire fondée par Fourier.djvu/31

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ne doive concevoir ces figures dans l’Absolu. Le cercle est une conception absolue qui n’a jamais été, qui ne sera jamais réalisée par aucun tracé ; les géomètres n’en ont pas moins raison de spéculer sur le cercle idéal, absolu, c’est-à-dire sur la figure bornée par une ligne dont tous les points sont rigoureusement, absolument, à la même distance du point central. Ce n’est même que parce qu’ils ont conçu cet absolu, tout irréalisable qu’il puisse être pratiquement, que les géomètres ont pu découvrir et démontrer rigoureusement les propriétés absolues et réelles dans l’absolu, du cercle, et se servir très-utilement de ces propriétés dans la pratique.

Il n’est pas seulement permis et légitime, mais il est indispensable partout où l’on veut faire de la science, partout où l’on veut classer, généraliser et connaître ; il est indispensable, disons-nous, de spéculer sur des types des idéaux, des absolus. Il est donc très-peu philosophique de venir arguer contre l’usage que l’on fait de l’Absolu dans la science, par la considération que l’Absolu n’est jamais absolument réalisable.

Avec une prétention semblable, il faudrait donner congé à la géométrie, aux mathématiques, aux lois de Keppler et de Newton, etc., car les figures géométriques, les lois de la mécanique céleste, etc., sont des conceptions absolues, dont les réalisations ou les vérifications pratiques ne sont et ne seront jamais pour nous qu’approximatives. Il y a plus, pour déférer à cette prétention