Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/123

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de la puissance. Soyez justes, quoi qu’il arrive ; car si vous ne pouviez gouverner avec la justice, avec l’injustice même vous ne gouverneriez pas longtemps.

Le système des principes offre seul un repos durable. Seul il présente aux agitations politiques un inexpugnable rempart.

Partout où éclate la démonstration, les passions n’ont plus de prise. Elles abandonnent la certitude pour reporter leur violence sur quelque objet encore contesté.

L’esclavage, la féodalité, ne sont plus parmi nous des germes de guerre. La superstition, sous son rapport religieux, est presque partout réduite à la défensive.

Si les privilèges héréditaires nous divisent encore, c’est que les principes qui les excluent ne sont pas revêtus de toute l’évidence qui leur est propre. Dans un siècle on en parlera comme nous parlons de l’esclavage. Une question de plus aura été enlevée aux passions tumultueuses. En raison de ce que les principes s’établissent, les fureurs s’apaisent ; lorsqu’ils ont triomphé, la paix règne.

Ainsi nous voyons les passions battre en retraite, furieuses, sanguinaires, féroces ; victorieuses souvent contre les individus, mais toujours vaincues par les vérités. Elles reculent en frémissant devant chaque nouvelle barrière que pose devant elles ce système progressif et régulier dont le complètement graduel est la