Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/194

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    comtés et des villes où le nombre des électeurs est immense : c’est de là que proviennent la vie et le mouvement qu’imprime à l’esprit public l’élection directe. Dira-t-on que les bourgs où les électeurs sont peu nombreux servent de contre-poids nécessaire ? mais ce contre-poids se trouverait dans les conditions de propriété que j’ai proposées, et qui sont plus fortes qu’en Angleterre pour les électeurs. Le reste se fera de lui-même. Qu’une constitution sage s’établisse : vous aurez bientôt de grands propriétaires que l’élection par le peuple fixera chez eux. Beaucoup d’élections dépendront de ces grands propriétaires, sinon par le droit, du moins par le fait. C’est la tendance naturelle : mais il faut attendre ; il faut consacrer de bons principes, et laisser les institutions se modifier. Ce qui se fait par le temps n’est pas un abus ; mais créer des abus pour imiter le temps n’est ni raisonnable ni possible.

    [À propos de la note ci-dessus, M. Laboulaye fait remarquer que les abus signalés par Benjamin Constant ont été corrigés en Angleterre par l’acte de Réforme de 1832.]