Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/206

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vendre son domaine, personne n’a voulu l’acheter. Il a voulu emprunter sur ce domaine, personne n’a voulu lui prêter un sou. J’avais compté sur ce remboursement : j’ai été sur le point de faire faillite. Si les députés que nous avions alors n’avaient pas ébranlé, sans le vouloir, la confiance que la Charte doit inspirer pour les acquisitions nationales, rien de tout cela ne me serait arrivé : mon débiteur aurait trouvé à vendre sa terre, j’aurais été payé à l’échéance, et je n’aurais pas été obligé de céder à vil prix mes marchandises, et de fournir des effets à gros intérêts pour faire honneur à ma signature. Je ne nommerai députés que des hommes qui défendent l’inviolabilité des biens nationaux, parce que je ne veux pas que les acquéreurs de ces biens qui me doivent, ou qui pourront me devoir, soient hors d’état de me payer ; et comme la valeur d’une propriété dépend de l’opinion aussi bien que de la loi, j’exigerai de mes députés qu’ils veillent à ce que la sanction religieuse donnée à ces biens ne leur soit pas retirée.

Ainsi donc :

1o Ordre dans les finances, afin que le désordre des finances ne produise pas une nouvelle révolution ; et, pour maintenir cet ordre dans les finances, nomination de députés qui soient indépendants des ministres, et qui, ne recevant point de salaires, n’aient pas intérêt à l’augmentation des impôts, sur lesquels ces salaires sont assis.

2o Liberté des personnes, afin d’éviter le mécontentement que les citoyens éprouvent quand on les arrête et qu’on les retient sans les juger ; et pour cela, nomination de députés qui ne votent pas contre la liberté des personnes.

3o Mise en activité de tous les articles de la Charte, parce que l’expérience m’a appris que, lorsqu’une constitution n’est pas observée, c’est comme s’il n’y en