avait aussi été tourmenté par des intrigues d’amour. De la sorte, par cela seul que j’avais un sentiment caché, je trompais plus ou moins tout le monde : je trompais Ellénore, car je savais que le baron voulait m’éloigner d’elle, et je le lui taisais ; je trompais M. de T***, car je lui laissais espérer que j’étais prêt à briser mes liens. Cette duplicité était fort éloignée de mon caractère naturel ; mais l’homme se déprave dès qu’il a dans le cœur une seule pensée qu’il est constamment forcé de dissimuler.
Jusqu’alors je n’avais fait connaissance chez le baron de T***, qu’avec les hommes qui composaient sa société particulière. Un jour il me proposa de rester à une grande fête qu’il donnait pour la naissance de son maître. Vous y rencontrerez, me dit-il, les plus jolies femmes de Pologne : vous n’y trouverez pas, il est vrai, celle que vous aimez ; j’en suis fâché, mais il y a des femmes que l’on ne voit que chez elles. Je fus péniblement af-