Page:Constant - Adolphe.djvu/237

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grecque la noble simplicité qui la distinguait. Schiller, pour se rapprocher du goût de son siècle, avait cru devoir diviser le chœur en deux moitiés, dont chacune était composée des partisans des deux héros, qui, dans sa pièce, se disputent la main d’une femme. Il avait, par ce ménagement mal entendu, dépouillé le chœur de l’impartialité qui donne à ses paroles du poids et de la solennité.

Le chœur ne doit jamais être que l’organe, le représentant du peuple entier ; tout ce qu’il dit, doit être une espèce de retentissement sombre et imposant du sentiment général. Rien de ce qui est passionné ne peut lui convenir, et dès que l’on imagine de lui faire jouer un rôle et prendre un parti dans la pièce même, on le dénature, et son effet est manqué.

Mais si les Allemands ont rejeté l’introduction des chœurs dans leurs tragédies, celle d’une quantité de personnages subalternes qui arrivent d’une manière naturelle, bien qu’accidentelle, sur la scène, remplace, à beaucoup