Page:Constant - Adolphe.djvu/238

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d’égards, comme nous l’avons observé précédemment, l’usage des chœurs. Pour nous en convaincre, il ne faut qu’examiner ce qu’a fait Schiller dans son Guillaume Tell, et rechercher ce qu’aurait fait un poëte grec traitant la même situation. Tell, échappé aux poursuites de Gessler, a gravi la cime d’un rocher sauvage qui domine sur une route par laquelle Gessler doit passer. Le paysan suisse attend son ennemi, tenant en main l’arc et les flèches qui, après avoir servi l’amour paternel, doivent maintenant servir la vengeance. Il se retrace, dans un monologue, la tranquillité et l’innocence de sa vie précédente. Il s’étonne lui-même de se voir jeté tout à coup par la tyrannie hors de l’existence obscure et paisible que le sort semblait lui avoir destinée. Il recule devant l’action qu’il se trouve forcé de commettre. Ses mains, encore pures, frémissent d’avoir à se rougir, même du sang d’un coupable. Il le faut, cependant, il le faut pour sauver sa vie, celle de son fils, celle de tous les