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En me conformant aux règles de notre théâtre pour les unités, pour le style tragique, pour la dignité de la tragédie, j’ai voulu rester fidèle au système allemand sur un article plus essentiel.

Les Français, même dans celles de leurs tragédies qui sont fondées sur la tradition ou sur l’histoire, ne peignent qu’un fait ou une passion. Les Allemands, dans les leurs, peignent une vie entière et un caractère entier.

Quand je dis qu’ils peignent une vie entière, je ne veux pas dire qu’ils embrassent dans leurs pièces toute la vie de leurs héros ; mais ils n’en omettent aucun événement important, et la réunion de ce qui se passe sur la scène et de ce que le spectateur apprend par des récits ou par des allusions, forme un tableau complet d’une scrupuleuse exactitude. Il en est de même du caractère. Les Allemands n’écartent de celui de leurs personnages rien de ce qui constituait leur individua-