Page:Constant - Adolphe.djvu/254

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lité. Ils nous les présentent avec leurs faiblesses, leurs inconséquences, et cette mobilité ondoyante qui appartient à la nature humaine et qui forme les êtres réels.

Les Français ont un besoin d’unité qui leur fait suivre une autre route. Ils repoussent des caractères tout ce qui ne sert pas à faire ressortir la passion qu’ils veulent peindre : ils suppriment de la vie antérieure de leurs héros tout ce qui ne s’enchaîne pas nécessairement au fait qu’ils ont choisi.

Qu’est-ce que Racine nous apprend sur Phèdre ? Son amour pour Hippolyte, mais nullement son caractère personnel, indépendamment de cet amour. Qu’est-ce que le même poëte nous fait connaître d’Oreste ? Son amour pour Hermione. Les fureurs de ce prince ne viennent que des cruautés de sa maîtresse. On le voit à chaque instant prêt à s’adoucir, pour peu qu’Hermione lui donne quelque espérance. Ce meurtrier de sa mère paraît même avoir tout à fait oublié le forfait qu’il a com-