Page:Constant - Adolphe.djvu/255

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mis. Il n’est occupé que de sa passion : il parle, après son parricide, de son innocence qui lui pèse ; et si, lorsqu’il a tué Pyrrhus, il est poursuivi par les Furies, c’est que Racine a trouvé, dans la tradition mythologique, l’occasion d’une scène superbe, mais qui ne tient point à son sujet, tel qu’il l’a traité.

Ceci n’est point une critique. Andromaque est l’une des pièces les plus parfaites qui existent chez aucun peuple ; et Racine, ayant adopté le système français, a dû écarter, autant qu’il le pouvait, de l’esprit du spectateur, le souvenir du meurtre de Clytemnestre. Ce souvenir était inconciliable avec un amour pareil à celui d’Oreste pour Hermione. Un fils, couvert du sang de sa mère, et ne songeant qu’à sa maîtresse, aurait produit un effet révoltant ; Racine l’a senti, et pour éviter plus sûrement cet écueil, il a supposé qu’Oreste n’était allé en Tauride qu’afin de se délivrer par la mort de sa passion malheureuse.